La Numérisation de la Cartothèque de la Bibliothèque Nationale d’Estonie

Margit Tohver

National Library of Estonia, Tonismagi 2, Tallinn, 15189, Estonia
margitt@nlib.ee

Introduction

La distribution de l’information numérisée a produit des transformations graves et essentielles dans des domaines très différents. Naturellement les cartothèques estoniennes sont aussi touchées par cela. Les transformations technologiques ont encouragé nos bibliothèques à s’ouvrir, à faire connaître nos collections numérisées par l’intermédiaire de l’internet et à faire étudier des possibilités de l’utilisation, de l’archivage et de la recherche par la numérisation des collections. De cette façon la connaissance et les différentes manières d’utiliser des collections s’agrandissent, et cela donne la possibilité de mieux conserver les collections. La numérisation des documents produit le matériel nécessaire pour l’édition des ouvrages et permet de faire connaître ses collections par les ouvrages imprimés sans courir le risque que les matériaux originaux soient détruits.

La numérisation des documents cartographiques a quelques points négatifs; les plus importants: l’équipement et les programmes sont très chers et vieillissent très vite. Les images numérisées ne sont pas éternelles et on doit les créer en bonne connaissance des innovations technologiques. Les documents cartographiques eux mêmes prescrivent de nombreuses particularités en comparaison avec les autres documents. Le choix des objets pour la numérisation est souvent très éclectique. En ce moment les critères de choix viennent plutôt des techniques de la numérisation que de projets concrets ou de la politique générale du développement des collections. Pour expliquer nos choix et nos stratégies, je présente un petit résumé de la substance de notre cartothèque.

De la cartothèque de la bibliothèque nationale d’estonie

Notre cartothèque est la plus jeune des cartothèques d’Estonie. Il y a 50 ans que l’on a commencé sa constitution. Le premier document cartographique a été enregistré en 1953. Comme unité particulière, la section cartographique a été créée en 1991. L’accent principal de la collection porte sur les ouvrages imprimés nationaux, mais, de notre mieux, nous nous pourvoyons en matériaux cartographiques du monde entier et des pays et des villes étrangers. Rétrospectivement, on complète les collections imprimées d’Estonie des années de 1918 à 1945. En ce moment la cartothèque se compose de 16000 documents cartographiques. Nous avons 5600 documents cartographiques représentant le territoire de l’Estonie et 1600 plans de villes estoniennes. La carte la plus ancienne de notre collection est de 1540, le plus vieux plan de ville des années 1840. Maintenant notre collection est devenue une collection complète et bien décrite, qui reflète les périodes de l’ histoire de la cartographie d’ Estonie. Nous avons 470 exemplaires uniques parmi tous les documents cartographiques nationaux. La collection des cartes de la Livonie que nous avons achetée il y a 7 ans, forme une partie originale dans notre cartothèque. Jusqu’à présent, dans notre collection, manquaient des cartes du territoire d’Estonie de plus de 300 ans. Cette collection comporte 52 cartes, composées par les cartographes les plus connus du 15e au 19e siècle.

Scanner des documents cartographiques coûte très cher, car cela prend beaucoup de temps. C’est pourquoi, en premier lieu, on doit énoncer les critères de choix des pièces. Il y a beaucoup de possibilités et de lignes de choix et faire un choix entre eux, est très difficile.

Les critères de choix des documents cartographiques

Comme base pour le choix des cartes qui seront numérisées on peut prendre:

1. La fréquence des documents, par exemple:
- dans la Bibliothèque nationale d’Estonie, ou plus largement
- dans les bibliothèques de l’Estonie
2. L’ âge des documents, par exemple:
- des cartes parues avant 1918, ou
- des cartes parues avant 1944.
3. Le caractère des documents :
- les collections
- les séries
- les régions
- les thèmes.
4. L’état des matériaux, la fréquence d’ utilisation, les rapports entre les coûts de restauration des cartes abîmées et les dépenses pour scanner ces cartes.
5. Le format, puisque les possibilités de scanner des cartes sont réellement dépendantes des possibilités techniques.

On a fait peu de travaux de cette espèce en Estonie car on manque des possibilités techniques suffisantes. Le grand format et la fragilité des cartes historiques imposent les choix des cartes à scanner. En Estonie n’existe aujourd’hui qu’un scanner de forme cylindrique de format A2, qui convient pour la numérisation des grandes cartes historiques. C’est pourquoi le format joue un rôle très important dans nos choix. L’objectif de la numérisation est aussi très important pour le choix des documents. Le but peut être:
- La limitation de la consultation des cartes très rares
- La conservation des données et l’ élaboration des modes de leur utilisation
- La promotion des collections à travers des ouvrages imprimés.

Ensuite, on peut faire des choix à partir du nombre d’exemplaires des documents. En ce cas on devrait numériser tout d’ abord les exemplaires uniques de notre collection de cartes estoniennes. Il y en a actuellement 470 dans notre collection. Le but de ce choix est de limiter l’utilisation de cartes originales. Les lecteurs n’utiliseraient que les copies numérisées.

Les exemplaires uniques des cartes nationales dans les collections de cartothèque de la BnE

 

Cartes

Atlas

Format

A4

A3

A2

A1

A0

Plus grand

A4

A3

Plus grand

Nombre

23

38

123

121

79

15

14

2

3

Actuellement l’application de ce principe n’est pas possible car 40% des cartes sont plus grandes que le format A2 et il n’y a pas de possibilité technique de scanner ces cartes.

En ce moment l’élargissement dépend de possibilités techniques nouvelles, car il est clair que la numérisation ne peut pas être actuellement un instrument de la conservation des collections sur une longue durée. La technique et les programmes vieillissent très vite, la collection numérisée exige de l’innovation, on manque d’assurance sur les délais réels de conservation des données numérisées. L’avenir de l’archive numérique est hésitante. En ce moment on manque d’une stratégie viable et de longue durée pour garantir l’usage des données numérisés dans l’avenir.

Pourtant, d’après nos expériences, on ne peut pas nier qu’en outre l’élargissement de l’accessibilité aux matériaux très rares, la numérisation des cartes sert aussi de fonction de conservation, car ayant la copie numérisée on peut limiter l’usage de la carte originale et, pour faire des copies, on peut se servir des copies numérisées. Dans le même temps, quand on peut étudier des cartes rares sur internet, la valeur des cartes originales augmente aussi. C’est par ça qu’il est trop tôt pour prendre comme critère de choix des documents pour la numérisation la mission de conservation. Pour cette raison le but principal de la numérisation de la cartothèque à la Bibliothèque nationale d’ Estonie est la promotion des collections. On peut faire la promotion de différentes collections ou de différents thèmes. En ce moment nous avons fait trois choix:

1. En 1999 nous avons numérisé comme test la collection des cartes historiques de la Livonie qui se compose de 52 cartes. Mais le caméra que l’on a utilisée ne convenait pas pour la numérisation des cartes.
2. En 2000 et 2001 on a numérisé avec un scanner cylindrique de format A2 38 cartes de la collection des cartes historiques de la Livonie. Le format du scanner a empêché la numérisation de la collection entière.
3. En 2002 on a numérisé 18 plans historiques des villes d’Estonie. On a fait le choix en fonction du sujet, mais le format était toujours un obstacle.

Les décisions techniques pour la numérisation

On numérise des cartes avec la résolution de 300 dpi en format TIFF, qui donne une copie numérique satisfaisante pour l’ archivage et pour la reproduction. On numérise les cartes dans les dimensions originales, en 16 bit de couleurs. Pour garantir l’authenticité de la copie d’archive on ne se sert pas de l’acutance pour que, en cas de compression, il n’y ait pas de difficulté ou de transformations de qualité.

Pour l’utilisation sur internet on transforme les images au format JPEG en résolution de 100 dpi. Les fichiers d’archives sont conservés actuellement seulement sur CD-roms, mais à l’avenir ils le seront aussi sur le serveur de la bibliothèque.

Des revenues et des dépenses

On ne tire un bénéfice de la numérisation que lorsqu’on peut assurer que l’objet aura une plusvalue et que les revenus dépasseront les dépenses. Le problème est qu’il est très difficile d’évaluer ces revenus et ces dépenses, parce que les prix de la numérisation se transforment continuellement et qu’il est difficile d’évaluer des revenus.

Il y a des revenus et des dépenses matériels et immatériels. Comme revenu nous pouvons compter l’augmentation des utilisateurs, l’augmentation de la connaissance de notre collection, l’augmentation des prêts des ouvrages imprimés qui font connaître nos collections.

Dans notre cas je crois que nous avons prouvé une plusvalue en prenant en considération nos possibilités de numériser les cartes uniques ou les plus rares de notre cartothèque. Pour la numérisation nous avons choisi des cartes en fonction de leur valeur, mais nous avons fait le choix en tenant compte des compléxités pour qu’il soit possible de les publier et de recevoir un revenu financier. Pour le moment nous avons numérisé 56 cartes historiques. Le prix moyen de la numérisation d’ une carte est € 20, ce qui est pour nous trop cher.

Dès 2001 nous avons publié:

a) 2 cartons de cartes historiques de format A3, au total 26 reproductions.

  •  Livonia I : anciennes cartes de la Livonie de la collection de la Bibliothèque nationale d’ Estonie. - Tallinn : La Bibliothèque nationale d’Estonie; Regio, 2001.
  •  Livonia II : anciennes cartes de la Livonie de la collection de la Bibliothèque nationale d’Estonie. - Tallinn : La Bibliothèque nationale d’Estonie, 2003.
  •  Les deux cartons ont été imprimés avec un tirage de 2000 exemplaires, le premier est déjà épuisé, du second il reste encore 700 exemplaires.

b) 2 calendriers en format A3.

  •  Anciennes cartes de la Livonie de la collection de la Bibliothèque nationale d’Estonie : calendrier 2002. - Tallinn : La Bibliothèque Nationale d’ Estonie; Regio, 2001. Son tirage était de 300 exemplaires.
  •  La carte & la carte postale. Les plans de villes et les cartes postales des villes d’Estonie de 1840 à1940 : calendrier 2003. - Tallinn : La Bibliothèque nationale d’Estonie; Regio, 2001. Son tirage était de 500 exemplaires.
  •  4 cartes postales avec les images des anciennes cartes de la Livonie.

Les dépenses de la numérisation ont été de € 1200. En ce moment, après soustraction des dépenses de l’ édition et de la vente, les revenus sont de € 1800. Avec cette somme nous avons prévu de financer un nouveau projet : un CD-rom sur l’histoire de la cartographie de l’Estonie avec 110 images numérisés.

Toutes nos cartes numérisées sont transformées en format JPEG en résolution de 100 dpi et sont présentées au format 1:1 et 1:2 sur le site internet de la bibliothèque.

Resumé

Pour construire notre modèle nous avons utilisé les pratiques de ceux qui nous ont précédés et nous nous sommes aperçus que nous avons commencé la numérisation par les collections les plus rares. Nous avons pris nous même en considération tout d’abord des nécéssités pratiques. Les premiers pas sont faits. Nous avons commencé tard, mais cela nous a été profitable car nous pouvions bénéficier de l’expériences des autres.

Le site internet referé dans le text

Bibliothèque nationale d’Estonie. http://www.nlib.ee/